#91 - Sylvain Thisy - Identité sonore d’une marque : We Compoze, une agence sur-mesure pour les PME
Dans cet épisode d’Aventure Humaine, Sylvain Thizy, co-fondateur de We Compoze, nous emmène dans les coulisses du monde du son, de la musique et des droits d’auteur. Comment obtenir une identité sonore de marque quand on est gérant de TPE-PME ? Wecompoze répond à cette question avec une offre sur-mesure. Au fil de notre échange, Sylvain nous parle de ce qui l’a amené à l’entrepreneuriat, de la naissance de We Compoze, des difficultés relatives à leur offre de création sur-mesure de logo sonore… Un échange passionnant, qui nous éclaire sur un monde complexe, opaque et pas très juste pour tout le monde !
Qu’est-ce que We Compoze, l’agence de création d’identité sonore de marque sur-mesure, pour les TPE/PME ?
We Compoze a commencé à être créé en 2018. L’idée de ses fondateurs, Sylvain, Victor et Grégory, c’était de rendre accessible l’identité sonore de marque a des TPE et PME. Leurs services ne proposent que du sur-mesure, avec tout l’accompagnement dont on peut avoir besoin quand on a aucune connaissance dans le monde du son et en musique. Tout ça, à un prix abordable pour des entreprises qui ne peuvent pas mettre le même budget qu’un grand groupe dans leur logo sonore.
Concrètement, comment cela fonctionne ?
On va faire le lien entre des marques d'un côté, des compositeurs de l'autre. Vu qu'on est marketeurs et artistiques, on fera le brief marketing et on accompagnera vraiment le client sur bien comprendre son besoin. […] Donc marketing : comprendre sa marque, son positionnement, son point de différentiation, ses valeurs. On va le traduire en artistique : comment on va l'exprimer en musique. Et quand ils seront OK, on lancera des appels à projet sur notre plateforme. On recevra des propositions et après, on leur fera choisir et on affinera.
Les clients de We Compoze sont donc accompagnés du début à la fin pour la création de leur identité sonore. Cela commence avec le brief marketing. Il reprend :
- le positionnement de l’entreprise ;
- ses valeurs ;
- sa cible ;
- l’ambiance qu’elle souhaite dégager, etc.
À partir de là, We Compoze établit un brief artistique, qui comprend le style de musique, le rythme, les instruments, etc. Vient ensuite l’étape de l’appel à projet, adressé aux environ 800 compositeurs travaillant avec We Compoze. La dernière étape, pour le client, sera de retenir l’identité sonore de marque qui lui plaira le plus parmi toutes celles qui lui seront adressées.
Cependant, une identité sonore de marque au top ne révélera son plein-potentiel que si elle est bien utilisée.
Des fois, on a des dirigeants qui peuvent nous dire : « voilà, je voudrais un truc à la Carglass©, ou un truc à la Décathlon© ». Mais, il y a quand même 2 sujets. Il y a le travail qu'on va faire, de composition. Il est, bien évidemment, hyper important. C'est à nous de faire une identité sonore la plus impactante et la plus mémorisable possible, donc avec le moins de note possible, qu'on peut chantonner, qu'on peut retenir, tout ça. Mais, la mémorisation de ta marque, elle est aussi directement liée au lâcher d'espace que t'en fais. C'est-à-dire que, Carglass©, elle est connue, Décathlon©, elle est connue... Techniquement, de manière très objective, […] elles ne sont pas forcément magnifiques. Mais c'est juste qu'en fait, elles sont tellement répétées, que tu l'as dans la tronche.
Grâce à leurs connaissances de leur milieu complexe et technique, les intervenants de We Compoze peuvent aussi orienter leurs clients sur ce point. Il s’agit alors de délivrer des conseils, de leur conseiller tel ou tel format, de les orienter vers tel prestataire adapté à leur besoin, etc.
Et qu’en est-il de toutes les propositions créées, mais non retenues ? We Compoze a souhaité faire du « zéro déchet ». Une libraire sonore, alimentée avec les propositions retravaillées, sera lancée courant 2023. Ainsi, ils apporteront aussi une offre (toujours sur-mesure) aux podcasteurs, par exemple, souhaitant une illustration sonore unique et de qualité. Le système de location prévu pour cette librairie sonore permettra, là aussi, d’accorder les tarifs avec les besoins et moyens de la cible.
Quand est-il des droits d’auteur et de l’état actuel du marché du son et de la musique ?
L’une des particularités du marché de l’identité sonore de marque, c’est que ça reste un domaine encore assez immature. Nous y sommes tous habitués par le biais des grands groupes… mais dès qu’on sort des marques très connues, la notion de logo sonore est très peu présente.
C'est là que j'ai commencé à découvrir le concept d'identité sonore, qui n'est pas du mature, parce qu'en école de commerce, on n'en a jamais parlé. Autant, un concept graphique, tout le monde est à l'aise avec ça. Quand tu lances ta boîte, tout le monde crée son logo, sa charte graphique. Mais les gens prennent la parole... et ils ne prennent pas un logo sonore […]. Il n'y a pas d'équivalent.
Ensuite, le monde du son et de la musique est un marché complexe. Il est si complexe que vous comprendrez, en écoutant l’épisode en entier, que même les acteurs de ce marché le comprennent souvent mal ou partiellement.
Effectivement, le marché de la librairie musicale, il est complexe et compliqué parce que tu as beaucoup d'acteurs qui ont tiré vers le bas avec des abonnements avec 9 € et tu fais "illimité" avec. Donc ça, c'est compliqué. Et en France, c'est particulier, parce qu'en France, c'est très protégé, le droit d'auteur, et on a de la chance. Quand une marque, nous, elle vient nous acheter une identité sonore, on lui cède les droits pour l'utiliser 30 ans, tous supports, mais elle reste quand même la propriété du compositeur et nous, […] on perçoit nos droits.
La question des droits d’auteur est une question centrale pour We Compoze.
Donc en fait, le fait de passer par des choses qui ne sont pas libres de droit, ça permet aux créateurs de vivre de leur musique et de percevoir, derrière, leurs droits d'auteur. Et surtout, ça ne coûte pas forcément plus cher à la marque, parce que ce n'est pas la marque qui paie la SACEM. C'est le diffuseur qui paie la SACEM.
Pour comprendre au mieux les enjeux derrière la création d’identité sonore de marque de We Compoze, je vous conseille d’écouter l’épisode de podcast en entier ! Vous comprendrez mieux les tenants et aboutissants de ce sujet.
Ainsi, par exemple, ce sujet des droits d’auteur est au cœur de ce qui permet à Sylvain et à ses équipes de proposer des logos sonores à un prix abordable pour des TPE et PME. Ils ont fait le choix de céder les droits pour 30 ans et sur tous les supports… mais avec une restriction géographique. Cela permet de répondre aux besoins des clients, tout en conservant un levier d’action pour ajuster le prix.
L’histoire de Sylvain Thizy : comment il a mis le marketing au service de l’identité et du logo sonore de ses clients ?
Vous l’aurez compris : cet échange est riche d’apprentissage pour toute personne ne connaissant pas parfaitement le monde du son. Vous comprendrez ce qu’est une identité sonore. Vous aurez une meilleure vision du fonctionnement du droit d’auteur en France. Mais aussi : vous découvrirez comment We Compoze s’est créé au milieu de tout ça !
Avant de devenir entrepreneur, Sylvain a été salarié dans une entreprise qui lui a permis de toucher à de nombreux aspects du marketing… et pas que :
- gestion du marketing opérationnel ;
- chef de produit ;
- lancement de journal d’entreprise ;
- organisation de séminaires d’entreprises ;
- animation du réseau et gestion des franchisés ;
- recrutement ;
- gestion du développement digital ;
- intégration de logiciel dans le système informatique de l’entreprise ;
- redressement judiciaire et restructuration…
Il a même eu l’opportunité de diffuser son premier disque grâce à ses ex-employeurs, par le biais de la commercialisation d’un nouveau gel douche ! 😉
Puis, dans le cadre d’un autre projet entrepreneurial, l’idée de We Compoze a commencé à émerger…
Greg et Victor, du coup, ils me font 1 ou 2 propositions de musique. Ça collait, mais pas trop, parce qu'en fait, il n'y avait pas forcément eu un travail marketing, d'étudier ma marque, mon positionnement et comment l'exprimer en musique. Ils sont partis tout de suite sur de la composition […]. Du coup, vu que moi, je faisais de la musique, j'ai dit : « ben si vous voulez, les gars, on la fait ensemble ». Je suis allé au studio et puis avec Greg, à la fin, du coup, on peaufinait. Et du coup, on a fait notre identité sonore. […] Je me suis dit, tiens, c'est marrant […]. Et encore, moi, je faisais un peu de la musique. Mais pour quelqu'un qui n'y connaît rien et qui est en PME... Déjà, pour choisir le prestataire, il aurait été en PLS. Et puis, pour faire un feedback de « ça j'aime et je n'aime pas, c'est peut-être la guitare, c'est peut-être la batterie, je ne sais pas trop ce qui ne va pas... », c'est super compliqué.
Le reste de l’idée est venu du concept de Creads.
Et si tu veux, à l'époque, je vais sur le site, je dis peut-être une bêtise, mais c'était peut-être 900 €, tu poses ton brief et tu reçois 40 propositions de logo. J'ai dit « Mais c'est génial ce concept ! ». Ça m'a vraiment interpellé.
L’élaboration du business plan a suivi, ainsi que les différents challenges rencontrés par Sylvain et ses co-fondateurs, dont il nous parle en détail dans l’interview.
Ça s'est créé assez vite finalement, on a vite eu 100 compositeurs. Et après, on a commencé à avoir des petits projets. Et on a eu de la chance d'avoir tout de suite des très bons compositeurs. Immédiatement, même si on n'avait que 5 ou 6 propositions à faire sur les premiers clients, ça a directement marché. Il n'y a pas un client depuis le début de We Compoze, sur lequel, quand on a fait des propositions, il a dit : « Il n'y en a aucune qui me va. ». Donc ça, c'est super cool.
Que vous soyez un dirigeant de TPE-PME à la recherche d’une identité sonore de marque ou non, je vous conseille sincèrement l’écoute de ce podcast… À plus forte raison, justement, si vous êtes amateur de podcast, ou même de musique, de radio, etc. Sylvain vous ouvre les portes d’une compréhension bien plus juste de cet univers !
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Avec Sylvain, nous avons parlé de :
- l’épisode 78, avec Jacques Barreau, de Grain de Sail ;
- l’agence Creads;
- la SACEM, société de gestion des droits d’auteur ;
- l’IRMA, institut de formation autour de la musique actuelle (faisant aujourd’hui parti du CNM) ;
- le groupe de musique Queen ;
- le livre « Développement (im)personnel, le succès d’une imposture » de Julia de Funès :
- les livres de Robert Greene ;
- le podcast Sismique.