#92 - Brieuc Saffré | Entreprises & économie circulaire : définition, conseils et témoignage
Bienvenue dans cette nouvelle Aventure Humaine ! Dans cet épisode, j’ai échangé avec Brieuc Saffré, cofondateur de Circulab, autour des entreprises et de l’économie circulaire. Brieuc nous a raconté comment est né et comment s’est construit son activité autour de l’économie circulaire. Dans cet article, nous allons commencer par une question simple : l’économie circulaire, c’est quoi ? Ensuite, nous vous donnerons les conseils de Brieuc pour commencer à l’intégrer à son quotidien, que l’on soit particulier ou professionnel. Enfin, nous découvrirons le présent et le passé de Circulab, une aventure humaine engagée pour l’environnement, le développement durable, mais aussi pour une autre vision de l’économie et de la responsabilité des entreprises dans les questions sociales.
L’économie circulaire, c’est quoi ?
Durant cet entretien, Brieuc raconte les différentes étapes de l’histoire de Circulab. Il nous donne aussi des pistes, à destination des particuliers et des entreprises, pour faire quelques pas vers l’économie circulaire. Nous en parlerons plus bas dans cet article. Mais avant ça, de quoi parle-t-on au juste ?
Pour nous, pour faire simple, l'économie circulaire, c'est l'économie où la notion de déchet n'existe pas […]. Il y a 3 principes clé. Le premier, c'est la sobriété, notamment dans l'approvisionnement, c'est-à-dire qu'il ne faut plus extraire, ou en tout cas le moins possible, de matières premières. Et si on en extrait, priorisons les matières renouvelables. […] Deuxième aspect : l'efficience, donc faire en sorte de faire plus, avec moins, […] notamment pendant les usages, pendant la production et puis surtout, pendant toutes les phases qui vont suivre les phases d'utilisation, c'est-à-dire la réparation, le reconditionnement, etc. [...] Troisième principe : c'est la régénération, c'est-à-dire que l'économie circulaire, il faut bien garder en tête que ce n'est pas un objectif. Ce n'est qu'un moyen pour faire en sorte que les écosystèmes desquels on dépend, notamment les écosystèmes vivants, puissent se régénérer, donc [être] laissés en meilleur état que l'état dans lequel on les trouve.
Brieuc
Entreprises et économie circulaire : quels conseils et outils pour commencer ?
Que l’on soit particulier, entrepreneur, salarié… il est possible de commencer à s’interroger, à chercher des solutions et à les initier. Si vous vous questionnez sur la façon dont entreprises et économie circulaire peuvent se mêler, vous devriez écouter cet épisode de podcast. Brieuc nous donne des pistes pour amorcer un changement.
Selon lui, la première question à se poser est celle de l’utilité de l’entreprise. À quoi sert-elle ? Quelle est sa vision ? Étant donné la situation actuelle et l’avenir qui se dessine, il est important pour lui de se rapprocher au maximum des besoins essentiels.
Si on ne s'occupe pas notamment des besoins essentiels, c'est-à-dire manger, boire, dormir, éventuellement se déplacer, etc., en fait, ça va être de plus en plus difficile de faire société. Et donc, continuer à s'occuper de besoins superficiels, ça va être un petit peu difficile, d'autant plus si c'est pour cramer du carbone. C'est ça qui va être important : c'est vraiment répondre à ça et je sais que je peux paraître un peu extrême quand je dis ça, mais c'est simplement que, aujourd'hui, […] on n'a pas encore pris conscience de tous les dominos qui tombaient un à un, en fait. Et ça, c'est vraiment difficile, mais c'est pour ça que je dis : mais oui, occupons-nous d'abord de savoir si on va bien manger, si on va bien soigner, si on va bien boire.
Brieuc
Ensuite, il invite à se pencher sur les modèles de production. Comment l’entreprise crée de la valeur ? Quels sont ses business model et quels sont leurs impacts ?
Enfin, il s’agira de tâcher de faire évoluer ses modèles de production sur les points qui le nécessitent. Comme expliqué plus haut, l’idée n’est pas forcément de ne pas produire de déchets. Il s’agit plutôt de chercher les éléments de production pour lesquels il est possible de :
- faire preuve de plus de sobriété pour extraire le moins possible de matière première ;
- être plus efficient ;
- régénérer et/ou réutiliser ce qui est considéré comme déchet.
Pour réaliser cela, il est important de raisonner en qualitatif, et non plus en quantitatif. L’idée, c’est qu’une entreprise ne prenne plus ses décisions uniquement pour des motifs économiques. Les critères environnementaux et sociaux, par exemple, doivent devenir tout aussi essentiels.
Bien sûr, les entreprises n’ont pas l’apanage de l’économie circulaire ! Les particuliers peuvent, eux aussi, faire des pas dans ce sens. On peut commencer, par exemple, par se demander :
- Pourquoi on achète ? À quoi sert tel achat ?
- Est-ce que je n’ai pas d’autres solutions (location, seconde main, autre…) ?
- Et, bien sûr : comment puis-je mieux gérer mes déchets ?
Cela peut aussi commencer dans son jardin ! Brieuc nous parle de différentes ressources pour ceux que ça intéresse.
Pour être autonome d'un point de vue alimentaire, on a besoin de 375 m², ou 367 m² de potager, pour un végétarien, ça va sans dire. Et en fait, ce qui est passionnant, c'est qu'il dit : « Hé bien, devinez quoi ? On fait un litre et demi d'urine par jour et c'est pile la quantité dont on a besoin pour ces fameux 365 m² […]. » Donc, techniquement, on peut utiliser son urine pour son jardin.
Brieuc
Quels sont les services proposés par Circulab ?
Une fois qu’on s’est posé ces questions, trouver des solutions concrètes et les mettre en pratique peut s’avérer compliqué… Accompagner les entreprises au sujet de l’économie circulaire, c’est justement le travail de la société de Brieuc : Circulab.
Alors, Circulab, avant d'avoir la communauté, c'est une agence de design dédié à l'économie circulaire, ou agence de design circulaire, qui va faire à la fois de la formation, de la sensibilisation, à travers la Circulab Academy. En fait, c'est un site sur lequel les gens ont des formations, les outils qu'on a rapidement évoqués, en téléchargement libre. Vraiment, toutes les actions de sensibilisation, c'est sur la Circulab Academy. C'est, on va dire, la première brique de Circulab. Ensuite, Circulab, c'est du conseil et du design. C'est-à-dire qu'on va aider nos clients à concevoir des produits, des services, des interfaces, des processus... avec les principes de l'économie circulaire dès la conception.
Brieuc
La Circulab community […] c'est une centaine aujourd'hui, d'experts, qui sont répartis dans 25 pays, sur les 5 continents et qui, comme je te le disais tout à l'heure, forment et animent, accompagnent leurs clients sur ces sujets-là. […] Cette communauté nous permet d'être beaucoup plus pertinents quand on va accompagner des clients. Par exemple : ils ont tous des expertises métier, ou des expertises sur des secteurs, mais aussi des expertises sur des territoires. […] Ça correspond beaucoup à notre vision de l'économie circulaire, c'est-à-dire que l'économie circulaire, c'est un paradigme beaucoup plus local.
Brieuc
Notez que, pour pouvoir aider un maximum de personnes et entreprises à entrer dans l’économie circulaire, la toolbox de Circulab est gratuite, en open-source… Si le sujet vous intéresse, découvrez aussi :
- le blog de Circulab ;
- le podcast de Circulab ;
- et la newsletter de Circulab.
Témoignage d’une entreprise pour l’économie circulaire : comment Circulab a vu le jour ?
Dans cet épisode, vous l’aurez compris, Brieuc a donné des pistes pour amener les particuliers et les entreprises vers plus d’économie circulaire. Aventure Humaine, c’est un podcast engagé pour l’environnement, mais c’est aussi un podcast qui raconte, justement, des aventures humaines… Alors bien sûr, il a également confié à mon micro comment il en est arrivé là. Comment l’idée est-elle née ? Quels furent les débuts de Circulab, et avant ça, de Wiithaa ?
Il nous a parlé de ses stages d’études en école de commerce, ainsi que du voyage en Inde qui fut à l’origine d’un changement profond chez lui. Il nous raconte comment il a réalisé que l’univers de la publicité n’était pas fait pour lui. Il décrit ses premières expériences de salariat, à l’aube des médias sociaux, et ce qu’elles lui ont apporté. Il nous parle de son premier blog, de son premier livre, de la rencontre avec le co-créateur de Circulab…
La vision, c'est vraiment : « on peut faire disparaître la notion de déchets ». L'idée, ce n'est pas de faire disparaître les déchets, parce que n'importe quelle espèce vivante sur cette Terre crée des déchets. Ce n'est pas grave en soi. C'est un processus. C'est juste que les déchets qui ne sont pas valorisables et qui ont des impacts pour les autres, ça, c'est ce qu'il faut arrêter. En fait, c'est notre vision d'hommes civilisés du déchet, qui est catastrophique, parce que le déchet, dans notre société, c'est une espèce de trou noir. C'est-à-dire que tout fini là et tout a des impacts sur à peu près tout. C'est-à-dire que : tu jettes quelque chose, et bien, tu contribues à avoir des pertes économiques, parce que finalement, tu vas perdre des ressources, tu vas avoir des pertes, aussi, en termes de matière.
Brieuc
Nous avons là l’idée de départ de « l’ancêtre » de Circulab : Wiithaa.
L'idée initiale de Wiithaa, c'était de faire une sorte de Ebay (à l'époque les plateformes en ligne, c'était vraiment la super mode) […], un Ebay de l'upcycling. Qu'est-ce que ça voulait dire, upcycling ? C'était : valoriser, en ajoutant de la valeur, donc récupérer des objets, des matériaux, de façon à les recycler par le haut. Aujourd'hui, autre subtilité, on parle beaucoup de recyclage, mais souvent, le recyclage que l'on fait, il enlève de la qualité, il enlève des propriétés, par exemple mécaniques ou esthétiques, d'une matière et on en fait une matière de moins bonne qualité.
Brieuc
Les scénographies, notamment, ont joué un grand rôle dans le développement de leur business. Certaines des anecdotes à ce sujet sont des pépites !
On a une scénographie qui nous a pas mal marqués parce qu'en fait, je me souviens... Tu vois, c'était vers ce mois de juin 2013, où Nico me dit « ouai non, on arrête... ». […] J'étais assez aligné parce que j'ai dit : « effectivement... ». Enfin, j'étais emmerdé, je crois, sur le moment, mais bon, bref. Et 2 minutes après, on a un coup de fil d'une fameuse agence qui nous dit : « Bon, on aimerait vraiment faire le projet dont on vous parle depuis plusieurs semaines », et puis on était comme des dingues, on est repartis. Mais comme quoi : ça tient toujours à pas grand-chose !
Brieuc
Il y a environ 5 ans, Brieuc s’est séparé du cofondateur et s’est associé avec Justine. Il a aussi fallu changer d’identité, pour passer de Wiithaa à Circulab. Au fil du temps, la vision a évolué : il ne s’agissait plus de gérer les déchets, mais d’accompagner et de former les entrepreneurs et entreprises vers l’économie circulaire.
Aujourd’hui, Circulab :
- compte une dizaine de collaborateurs, répartis entre Nantes et Paris ;
- inclut une centaine d’experts via la Circulab Community ;
- propose des outils gratuits qui ont été téléchargés bien plus de 50 000 fois…
Si vous vous intéressez aux problématiques environnementales et durables, nous vous conseillons d’écouter cet épisode d’Aventure Humaine en entier. Pour les particuliers et les entreprises, l’économie circulaire y est définie, expliquée, mais aussi abordée avec des conseils et des outils pratiques. Vous découvrirez aussi des exemples passionnants d’entreprises. Tout cela vous sera apporté au fil du témoignage d’une aventure humaine inspirante et porteuse d’espoir par les solutions qu’elle apporte.
*
Avec Brieuc, nous avons parlé de :
- l’entreprise d’upcycling de bateaux Bathô;
- l’entreprise de recyclage de l’urine humaine Toopi Organics, fondée par Mickaël Roes ;
- le livre « L’urine, de l’or liquide au jardin » de Renaud de Looze ;
- le livre « Thinking in Systems : A Primer » de Donella Meadows ;
- Timothée Parrique ;
- le livre « Biomimétisme – Quand la nature inspire des innovations durables » de Janine Benyus ;
- la chaîne Youtube d’Arthur Keller;
- le livre « Civilisés à en mourir – Le prix du progrès » de Christopher Ryan ;
- le livre « Humanité – Une histoire optimiste » de Rutger Bregman.